« La première année, on s’est fait avoir ! » Valentin et Sébastien élèvent des poules et des lapins à Rigny-Ussé, dans la campagne tourangelle. Ils ont aussi quelques moutons et chèvres. Et ce sont ces dernières qui n’ont pas apprécié le changement d’heure des humains ! « Elles bêlent sans arrêt pour réclamer de l’attention, elles sont mêmes capables de sortir de leur enclos pour venir nous chercher s’il le faut… Alors une heure de décalage pour la nourriture, vous imaginez… »
Depuis cette première expérience, Sébastien et Valentin ont adopté un autre système, pour que les horaires des humains ne perturbent pas trop ceux des animaux : ils décalent chaque jour de trente minutes l’horaire du repas du matin, pour habituer progressivement les animaux au décalage. Cela n’empêchera pas le coq de toujours pousser son cri lorsque le soleil se lève, mais au moins les poules ne caquetteront pas en réveillant tout le voisinage pour avoir à manger !
Dans les élevages de vaches ou de chèvres dont on trait le lait chaque matin, on anticipe aussi le changement d’heure, en décalant progressivement l’heure de la traite. C’est essentiel, car les femelles ont les pis pleins de lait, et il faut les soulager sans qu’elles souffrent du trop-plein.
Il faut donc voir la vérité en face : le changement d’heure n’est pas vraiment adapté aux animaux, qui aiment vivre au rythme du soleil. Que ce soit les animaux de la ferme, ou les animaux sauvages, pas de montre au poignet ni de smartphone pour se renseigner sur l’heure qu’il est : toutes ces petites bêtes se fient au soleil et au rythme de la nature.
Le changement d’heure pour les humains, un défi !
Et pour les humains ? Même pour nous, le changement d’heure n’est pas si simple ! Même si nous ne vivons pas en fonction du soleil, on a en général un rythme bien réglé. A 7h30 le petit-déj’ avant d’aller au collège, à 12h15 c’est l’ouverture du self pour déjeuner, un petit goûter en rentrant de cours, avant le dîner en famille, vers 19h ou 20h… Donc avancer ou reculer d’une heure perturbe forcément notre corps qui a pris ses petites habitudes. Si on n’a pas anticipé, et qu’on se retrouve à moins dormir que nécessaire, cela peut aussi entraîner un gros coup de fatigue durant les premiers jours de la nouvelle heure.
Véronique Fabre, chercheuse à l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) expliquait déjà il y a quelques années dans une interview que c’est même plus difficile pour les ados, ce changement de chrono : « Certaines personnes sont, par ailleurs, plus sensibles au changement d’heure comme les adolescents chez qui la puberté induit un retard de phase physiologique et donc un endormissement tardif. Ils auront plus de mal à s’adapter au passage à l’heure d’été. » Autrement dit, on a déjà tendance à se coucher tard quand on est ado, donc avec l’heure d’été et le fait de se lever une heure plutôt qu’avant, ça va être dur !
« On n’a pas de pétrole, mais on a des idées » était le slogan du gouvernement français à l’époque du 1er changement d’heure.
1976, 1er passage à l’heure d’été !
Plus d’infos
L’Europe à la même heure
Les pays de l’Union Européenne ont décidé en 2001 de tous changer d’heure, le dernier dimanche de mars. Une manière d’être sur la même longueur d’onde !
Et ailleurs, y a-t-il un changement d’heure ?
Le Mexique a supprimé le changement d’heure en 2022. L’Argentine, la Russie, la Turquie, l’Uruguay ou la Tunisie ont aussi abandonné ce système il y a plusieurs années. En Europe, on en parle, mais rien n’est fait !
84%
Des citoyens européens ayant participé à une consultation publique en 2018 ont voté pour dire qu’ils souhaitent supprimer le changement d’heure !
26 octobre
Ce sera la date du retour à l’heure d’hiver cette année. A noter pour ne pas oublier.
Dur dur de se lever à l’heure d’été !
Les conseils d’une pro
A Tours, Sophie Lesage est sophrologue (une spécialiste de la relaxation et de la gestion du stress). Voici ses conseils pour aborder le changement d’heure comme des pros : « pour que le changement d’heure ne perturbe pas notre sommeil, pour l’été ou pour l’hiver, il faut commencer à le préparer quelques jours avant. On décale petit à petit son horaire de coucher et de lever, pour ne pas se retrouver à décaler d’une heure d’un coup notre rythme. Pour y arriver, il est important d’arrêter les écrans une heure avant de se coucher. On peut en profiter pour lire, ou se relaxer en se concentrant sur sa respiration et son corps. On endort sa tête, puis sa poitrine, son ventre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tout notre corps soit relaxé, et prêt à sommeiller. »
À SAVOIR : Les origines du changement d’heure
Même si la France avait déjà testé le système heure d’été/heure d’hiver de 1917à 1945, c’est en 1976 seulement qu’elle adopte définitivement ce système. A l’époque, les prix du pétrole ont explosé. Or dans les années 1970 une bonne partie de notre électricité vient encore du fioul, un dérivé du pétrole. Le gouvernement se dit donc qu’en décalant notre journée, on aura moins besoin d’éclairage en soirée. Hop ! Economies d’énergie ! Sauf que… il faut s’éclairer aussi le matin, non ? Puisqu’avec la nouvelle heure, le soleil se lève « plus tard » et qu’il fait encore sombre au moment du bol de céréales. C’est finalement quand arrive l’été qu’on y économise vraiment quelque chose.
Plus besoin de changer d’heure ?
D’après l’ADEME (l’Agence de la transition écologique), en 2009 le fait de changer d’heure en hiver et en été nous faisait économiser 450 gigawatts (0,07% de la consommation électrique totale du pays). En 2018, c’était seulement 351 gigawatts. Les estimations pour 2030 sont de 258 gigawatts… Autant dire pas grand-chose !
Qui donne l’heure ?
L’horloge parlante était autrefois un service téléphonique assez pratique : on appelait, et on connaissait l’heure exacte. Bien joli tout ça, mais qui définit l’heure qu’il est ? En France, ce sont les scientifiques de l’Observatoire de Paris qui gardent l’œil fixé sur la montre. Mais dans l’Antiquité, on regardait le soleil : à son plus haut point, il est midi. En été, nous avons 2h de décalage avec lui.
