Depuis plus d’un an, les prix de l’essence, l’électricité ou du gaz qui chauffent nos maisons, et la nourriture dans les magasins, n’arrêtent pas d’augmenter : c’est l’inflation. Le problème, c’est que tous les gens qui avaient déjà des difficultés à vivre correctement, doivent maintenant faire des choix. Après avoir payé les factures, ils se sacrifient sur la nourriture. Pour aider toutes ces personnes qui ont du mal à joindre les deux bouts à se nourrir correctement, plusieurs associations proposent une aide alimentaire : de la distribution de nourriture à tout petit prix, ou gratuite. Tu les connais sans doute : les Restos du Cœur, la Croix-Rouge, le Secours Populaire, et la Banque Alimentaire de Touraine que nous avons visitée.
Dans les coulisses de la Banque Alimentaire de Touraine
Dans son grand hangar de 2 300 m2 à Saint-Pierre-des-Corps, l’association tourangelle est une vraie fourmilière le matin. Dès 7 h 30, quatre camions partent en tournée pour aller récolter auprès des supermarchés et hypermarchés des produits en don. Souvent, ce sont des produits dont la date limite de consommation est proche (ou qui ne sont plus à la mode) et que les magasins préfèrent enlever des rayons. Vers 11 h 30, au retour des camions, on s’agite ! Il faut décharger les cartons, puis trier les produits, avant de les enregistrer dans l’ordinateur. Ensuite, direction le stockage. Ici une énorme caisse pleine de boîtes de céréales, là des conserves, un peu plus loin des centaines de pots de confiture, pas très loin d’un gros stock de papier toilette, car la Banque Alimentaire de Touraine s’occupe aussi des produits d’hygiène… Sans oublier les chambres froides, frigos géants où on place les fruits et légumes, fromages et autres produits frais. Il y a même un gros congélateur, plus grand que ta chambre !
C’est qu’il en faut de la place pour stocker toutes les marchandises : chaque année, ce sont 1 600 tonnes de produits qui arrivent ici avant de repartir vers les associations partenaires. Certains produits sont donnés directement par les supermarchés, d’autres par les centrales d’achats (qui achètent plein de produits pour approvisionner ensuite les supermarchés). Des producteurs locaux font aussi des dons, et bien sûr toi ou nous, lors des deux grandes collectes annuelles de la Banque Alimentaire de Touraine.
Des bénévoles indispensables
Mais l’aventure n’est pas finie ! Il faut préparer les cartons de provisions qui partent chaque jour vers les soixante-deux associations et services sociaux des villes partenaires. Contrairement aux Restos du Cœur, la Banque Alimentaire de Touraine n’assure pas elle-même la distribution : cela représenterait encore plus de travail pour les 123 bénévoles qui passent chaque semaine plusieurs heures à donner un coup de main, pour le tri et l’organisation des produits du hangar, ou dans les bureaux pour tout enregistrer, préparer les papiers pour les donateurs et les associations, ou rechercher de nouveaux bénévoles. Peut-être toi ou tes parents ?
« Être bénévole ? C’est être utile, servir à quelque chose, aider les autres. »
Jean-Paul Baunez, président bénévole de la Banque Alimentaire de Touraine
L’avis d’un pro
Jean-Paul Baunez, président bénévole de la Banque Alimentaire de Touraine :
« La loi anti-gaspillage de 2020 nous a aidés au début : les quantités de produits donnés par les supermarchés ont augmenté. Mais les magasins aujourd’hui gèrent beaucoup mieux leurs stocks, et ils mettent en promotion des produits qui arrivent en fin de date de consommation, donc nous récupérons moins de dons à l’arrivée. Et avec le covid qui a mis des gens dans la précarité, puis l’inflation, l’effet s’est estompé car nous accueillons plus de monde que dans le passé.
Et pour nous aussi, l’électricité et l’essence ont augmenté : nos chambres froides fonctionnent 24 h/24, nos camions doivent sortir chaque matin… Suite au cri d’alarme des Restos du Cœur, l’État a donc débloqué de l’argent ; nous avons reçu aussi une aide du Crédit Mutuel, cela nous permet de continuer à aider ceux qui en ont besoin ».
À savoir : les Français de plus en plus pauvres ?
Les associations d’aide alimentaire comme la Banque Alimentaire de Touraine ont vu arriver depuis 2020 de nouvelles personnes : des étudiants, nombreux, mais aussi des personnes qui travaillent mais dont le salaire ne suffit plus à vivre correctement. Les chiffres que l’on peut consulter datent de 2022 (donc c’est sans doute pas mieux pour 2023) : pour l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), en 2022 14 % des Français se privaient de plusieurs choses pour vivre (ne plus manger de viande, ne plus partir en vacances, moins chauffer la maison…).
Cette année, le Secours Populaire indique aussi que 18 % des Français sont à découvert chaque mois (leur compte en banque est en dessous de zéro). Et 32 % avouent avoir des difficultés d’argent pour pouvoir acheter de quoi faire trois repas équilibrés chaque jour.
Plus d’infos
Pour qui ?
Pour pouvoir bénéficier d’une aide alimentaire (à la Banque Alimentaire de Touraine, aux Restos du Cœur, à la Croix-Rouge ou au Secours Populaire), il faut pouvoir justifier de sa situation compliquée. Cela passe par le calcul du « reste à vivre » : une assistante sociale de la ville où habite la personne, ou un bénévole d’une association calcule combien il reste après le paiement de toutes les factures (loyer, électricité, essence, emprunt bancaire…). Si c’est moins de 7€ par personne et par jour, la famille peut s’inscrire pour recevoir une aide alimentaire.
+35%
De repas servis cette année par les Restos du Cœur en France, par rapport à 2022.
Les collégiens chantent les Restos !
En Touraine, plusieurs chorales de collèges s’unissent chaque année pour un gros concert : c’est le projet Schoralia. Pour cette nouvelle année scolaire, c’est un programme de chansons autour des Restos du Cœur qui a été choisi, pour récolter des fonds pour l’association ! Rendez-vous en fin d’année pour profiter des concerts !
Aider, et être récompensé
Que ce soit tes parents, les supermarchés ou des grandes entreprises, faire un don à l’une des quatre associations d’aide alimentaire amène à une petite récompense : une déduction fiscale, autrement dit une réduction d’impôts.
Dossier par Emilie Mendonça, publié dans Fritz nº64.
