Tous les étés ou presque, la même chanson : « ne lavez plus votre voiture, c’est interdit en ce moment », « n’arrosez que le soir », etc. On se disait que c’était logique, puisqu’en été il fait super chaud, donc l’eau s’évapore, et il faut l’économiser. C’est la sécheresse.
Mais voilà que depuis quelques semaines, en plein hiver, aux infos comme au déjeuner du dimanche chez mamie, on parle de sécheresse. Ce qui nous a semblé un peu bizarre, vu que le bout de nos doigts de pieds nous dit qu’il fait super froid quand même car c’est l’hiver… Même si c’est vrai qu’en jetant un œil à la rivière ou au fleuve qu’on a tout près de chez nous, le niveau est quand même plus bas que d’habitude.
Les trois sécheresses
Pour mieux comprendre ce qui se passe, on est donc allés voir notre expert préféré : Pascal Miquel, qui travaille pour Météo France. « Il y a trois types de sécheresse : la sécheresse météorologique, qui correspond à un manque de pluies. La sécheresse agricole, lorsque le niveau d’humidité des sols est trop bas. Et la sécheresse hydrologique : lorsque les rivières, mais aussi les nappes phréatiques (des réserves d’eau souterraines) sont plus basses que la normale. Et en ce moment, on a les trois sécheresses en même temps ».
Jusqu’ici, on a compris. Mais pourquoi est-ce que certains s’inquiètent autant ? Tout simplement car ce n’est pas très courant, comme l’explique Pascal Miquel : « on a eu 4 jours de pluie en février, au lieu d’une dizaine ; en Indre-et-Loire (notre département), du 18 janvier au 21 février il n’a pas plu une goutte ! ».
Le souci, c’est que la nature profite de la période entre septembre et mars pour refaire le plein d’eau. Vu que les arbres et les plantes sont en mode « dodo et repos », toute l’eau peut s’infiltrer dans la terre pour rejoindre les nappes phréatiques ou les sources des cours d’eau. Et c’est important, car c’est dans ces nappes que les humains puisent de l’eau pendant l’été pour arroser les jardins, remplir les piscines, et avoir de l’eau au robinet. En attendant, les petites pluies de janvier et février ont permis au gazon de rester vert et aux plantes du jardin de vivre tranquillement… Mais pour les spécialistes, les sols sont déjà un peu trop secs pour cette saison.
Bilan : pas cata, mais pas top
Alors, c’est la cata ? Notre pro de la météo n’a pas construit sa fusée pour s’échapper vers une planète plus arrosée, c’est bon signe ! Pour lui, « la situation est préoccupante. Comme l’année 2022 avait déjà été une des plus chaudes des dernières années, les réserves d’eau étaient très basses, les sols très secs, donc il y avait déjà du retard à rattraper. Mais comme cet hiver il n’a pas plu beaucoup, ça ne facilite pas les choses ! 80 % des nappes phréatiques du département sont à des niveaux faibles (et d’autres sont à leur niveau normal). Mais si on a un printemps très pluvieux, ça peut s’arranger ! ».
Comme l’équipe de Fritz chante hyper-faux, on va former une chorale pour déclencher des pluies torrentielles ! Ou alors on commence dès maintenant à économiser l’eau ?
LES AVIS DES PROS
Dans l’agriculture, l’eau, c’est vital ! Thomas est maraîcher à Neuillé-le-Lierre, dans le Nord de la Touraine. Pour cultiver ses légumes, il s’y prend à l’avance : « Les choux se plantent en août par exemple, pour être récoltés en hiver : mais les températures élevées et les vents chauds de l’été dernier ont beaucoup compliqué leur pousse, donc je n’ai pas beaucoup de choux à récolter cette année. En ce moment, le sol est un peu humide à la surface, mais il faudrait plus d’eau pour que les légumes de l’été puissent bien pousser ».
Pour économiser l’eau, Thomas utilise un aspergeur pour arroser ses champs, et l’arrosage est programmé automatiquement la nuit, pour que l’eau pénètre dans le sol au lieu de s’évaporer à cause de la chaleur. Parfait pour avoir de bons légumes cet été !
À SAVOIR : le débat sur les bassines agricoles
Une bassine, à la maison, c’est un récipient, souvent en plastique. Une bassine agricole c’est le même principe : un immense réservoir où on stocke de l’eau de pluie toute l’année (et parfois aussi de l’eau pompée dans les réserves souterraines). On parle même de « méga-bassine » tellement c’est grand. Mais tout le monde n’est pas d’accord sur leur installation.
Pour certains agriculteurs, stocker l’eau de pluie dans ces grands réservoirs, c’est une bonne manière d’avoir de l’eau même en été pour leurs champs et leurs animaux. Pour les opposants, le souci c’est que cette eau de pluie devrait aller recharger les nappes phréatiques sous terre, donc ça ne résout pas le problème de la sécheresse. Sans compter l’évaporation de l’eau de ces bassines, ou l’impact sur la nature autour. En Touraine, pas encore de projet de méga-bassine !
PLUS D’INFOS
À toi de jouer !
Tous les jours, tu peux :
- Prendre une douche au lieu d’un bain
- Fermer le robinet pendant le brossage des dents ou le savonnage sous la douche
Et pour les grands, voilà ce que peuvent faire tes parents pour réduire la consommation et la facture d’eau :
- Réparer les robinets qui gouttent
- Installer une chasse d’eau avec 2 boutons : petit pipi / grosse commission.
- Utiliser tous les appareils en mode « éco » (lave-linge, lave-vaisselle…)
- Eviter de laver la voiture trop souvent
- Attendre la fin de journée pour arroser les plantes
3
litres d’eau consommés quand on tire la chasse d’eau avec le bouton éco. Et sur des vieux WC, ça va jusqu’à 12 litres ! Vivement des toilettes qui utilisent de l’eau recyclée !
Tu savais que…
RESTRICTIONS D’EAU : QUI DÉCIDE ?
En France, c’est la préfecture de chaque département qui prend les décisions lorsqu’il faut économiser l’eau. Lorsque la sécheresse est forte, la préfecture peut prendre plein de mesures différentes, selon la situation : limiter les pompages d’eau dans les rivières par les agriculteurs ou les entreprises ; limiter ou interdire l’arrosage des jardins, le lavage des voitures, le remplissage des piscines… Comme ça, chacun y met du sien pour surmonter les problèmes.
ALORS ON DANSE ?
Depuis la nuit des temps, les êtres humains ont compris l’importance des pluies. Chez certains peuples, on danse pour s’assurer qu’il va pleuvoir. C’était le cas dans l’Egypte de l’Antiquité, mais aussi plus récemment chez des tribus d’Indiens d’Amérique qui demandent aux dieux de faire pleuvoir. Pas sûr que ça marche, mais au moins on s’amuse ensemble !
À LIRE
Le roman Les mystères de l’eau : en préparant son exposé sur l’eau, Naïa nous fait découvrir des tonnes de choses passionnantes !
Dossier par Emilie Mendonça, publié dans Fritz nº54.