Yosi Goasdoué parle aussi vite qu’il court, ou presque. Dynamique et plein d’idées, le jeune homme de trente-trois ans court depuis qu’il est enfant. Un plaisir là où d’autres voient une punition : « si j’étais trop agité, les dames de la cantine me faisaient faire des tours de la cour en courant… Elles ont arrêté quand elles ont compris que ça me plaisait ! »
Ce plaisir de courir l’a emmené très loin. Le petit garçon, né en Éthiopie, a grandi à Nantes où il a intégré un club d’athlétisme à l’adolescence. Les années collège riment donc avec entraînements et compétitions. Et tout s’enchaîne : championnats de France, équipe de France, participation aux compétitions européennes en catégorie « espoirs »… Yosi fait partie des meilleurs !
Bien sûr, être sportif de haut niveau, ça suppose quelques contraintes : « le plus dur pour moi, c’était me coucher tôt. Or le sommeil, c’est essentiel, c’est la meilleure manière de récupérer ! » Côté alimentation, vu le nombre de kilomètres courus par semaine, tout est vite éliminé, donc le régime n’est pas aussi strict que celui des gymnastes ou des boxeurs, qui montent plus souvent sur les pèse-personnes. Résultat de tous ces efforts ? En 2015, à vingt-cinq ans, Yosi Goasdoué décroche le titre de champion de France de semi-marathon et arrive ensuite en Touraine pour continuer sa carrière et monter sur les podiums des grandes compétitions.
Mais il n’y a pas que le sport dans la vie. Ses talents en course à pied ont permis à Yosi de décrocher une bourse pour étudier aux États-Unis les sciences politiques et les relations internationales. « Le sport pour moi a toujours été un plaisir, et un moyen de faire des choses. Faire mes études, mais aussi rencontrer plein de gens, m’ouvrir à d’autres cultures. Et voyager aussi : grâce aux compétitions j’ai visité une trentaine de pays ! »
Aujourd’hui, il court tous les jours, et participe à certaines courses, pour le fun. Mais surtout, il transmet sa passion, avec son entreprise et aussi une association qu’il a créée, DAYTOURSPORT, pour que les jeunes des quartiers prioritaires découvrent la course à pied… ,et plus encore ! « La course, ou la marche, ce sont des activités physiques accessibles, des baskets et c’est parti ! Courir permet de renforcer la confiance en soi, de se dépasser, de développer des relations sociales, et tout le monde peut le faire ». Toi aussi ?!?
Portrait par Emilie Mendonça, publié dans Fritz nº