Dans les coulisses du poste d’aiguillage de Tours

Une sonnerie retentit, comme un vieux réveil : un train arrive bientôt en gare ! Notre objectif est simple : lui permettre d’arriver jusqu’à la voie Denise. C’est le prénom de la voie D dans le poste d’aiguillage de la gare de Tours, où les travailleurs ont choisi des petits noms sympas pour s’y retrouver. 

Allez, à nous de jouer ! Après avoir identifié les numéros des aiguillages qu’on va devoir activer pour que les rails s’alignent et amènent le train au bon endroit, on tire vers nous les grands leviers correspondants. Il faut penser à appuyer sur les pédales situées au sol en même temps, sinon ça ne marche pas : question de sécurité ! Ensuite, on active les manettes juste au-dessus : si on arrive à les pousser jusqu’au bout, c’est que tout est conforme : position des aiguillages, verrouillage des lames d’aiguilles, et la voie libre. 

Derrière ces leviers que nous bougeons se trouve tout un système de câbles électriques qui vont aller mettre en marche des moteurs qui déplacent les aiguillages, et déclenchent les feux de signalisation. Une technologie pas si récente, mais qui fonctionne toujours super bien. Et on peut être fiers : avec ses 172 leviers, Tours est le plus gros poste d’aiguillage électromécanique de France ! 

Revenons à notre mission : ouf, on a réussi ! Le train va pouvoir arriver voie D ! Sur le grand panneau de contrôle, au-dessus de nous, tous les voyants rouges ont disparu, et pour le conducteur du train, le feu vert s’est allumé sur la voie, il peut avancer et on va voir des voyants jaunes s’allumer au fil de son itinéraire.

Des professionnels aux manettes

Il nous a fallu plusieurs minutes et pas mal de réflexion pour réussir à tout faire. Pour Sonia, aiguilleuse, et Thomas, agent de circulation, ce sont entre 175 et 200 trains qu’il faut faire arriver ou partir comme ça chaque jour depuis la gare de Tours !

« C’est un métier où il faut du sang-froid, de l’organisation aussi, car le matin ou le soir plusieurs trains arrivent ou partent à quelques minutes d’intervalle », explique Sonia, juste avant de vérifier l’horaire du prochain départ dont elle doit s’occuper rapidement. Tant qu’elle n’a pas préparé les aiguillages comme prévu, le train ne peut pas quitter la gare. Sacrée responsabilité ! 

C’est pour ça qu’ils sont tous les deux très concentrés. Sur son ordinateur, Thomas prépare et vérifie le plan de circulation des trains, pour que chacun fasse le chemin le plus simple possible pour arriver ou partir de la gare. Et lorsqu’il y a des grèves ou des soucis techniques, à lui de décider d’éventuels changements.

De son côté, Sonia s’occupe d’aiguiller tout le monde dans le bon sens. « Il y a des périodes calmes, et d’autres où tout peut changer en deux minutes ! » raconte Thomas. Lorsqu’il y a du changement, il appelle la gare pour faire modifier les panneaux d’affichage, ou les quatre postes d’aiguillage de Saint-Pierre-des-Corps, qui prennent le relais quand les trains de voyageurs ont quitté Tours. Car le poste zéro de Tours, ce n’est que le début de l’aventure ! 

Es-tu un Aventurier du Rail ?

Si tu aimes les jeux de société, et les trains, on te conseille Les Aventuriers du Rail : en voyant les lumières s’allumer sur le panneau du poste d’aiguillage de Tours, on y a tout de suite pensé ! Chaque joueur a une couleur de train, et pioche des lignes à construire pour aller d’une ville à l’autre. Europe, Amérique, Asie… le jeu existe en plusieurs versions, pour explorer le monde (et réviser sa géographie). 

À savoir : ​​RER métropolitain, c’est quoi ?

À Paris, le RER c’est le Réseau Express Régional. Plusieurs lignes de train qui roulent très souvent depuis Paris vers toutes les villes de sa banlieue, pour permettre aux habitants de se déplacer pour aller travailler (ou s’amuser). 

En novembre 2022, le président Macron a indiqué qu’il aimerait bien que dix métropoles françaises aient leur propre RER, pour favoriser le train, et diminuer la circulation des voitures. Hop ! Tours Métropole a fait savoir qu’elle était candidate ! Même si elle ne fait pas partie des plus grandes métropoles, Tours espère être sélectionnée grâce à son gros avantage : elle a déjà un réseau de voies ferrées en forme d’étoile, avec 8 branches qui partent vers 8 coins différents de Touraine. 

Mais développer ce RER tourangeau, ce serait beaucoup d’argent et de travaux, donc rien ne permet de dire si cela deviendra réalité. 

Le train à hydrogène, ce n’est pas pour tout de suite ! 

Sur la ligne de train Tours-Loches, c’est un train pas comme les autres qui a roulé le 1er et le 2 février 2023. Son carburant : l’hydrogène, alors que les trains qu’on voit habituellement roulent soient à l’électricité, soit au diesel. C’était la première fois qu’un train à hydrogène roulait en France, mais ça s’est moins bien passé que prévu, à cause d’une panne le deuxième jour. Pas sûr que ce soit le train du futur… 

Plus d’infos pour devenir aiguilleur

Rien de plus simple : on peut même ne pas avoir le bac, et quand même être recruté par SNCF Réseau. La formation d’aiguilleur est proposée à l’intérieur de l’entreprise, pour devenir « agent mouvement ». Cela suppose d’apprendre à manœuvrer tous les leviers, ou tous les boutons dans le cas d’un poste d’aiguillage où il y a plus d’informatique. Mais la formation inclut aussi toute la réglementation. C’est du boulot, mais après tout, ces personnes ont la sécurité des voyageurs entre les mains, donc normal que ce soit si sérieux. 

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leviers, Tours est le plus gros poste d’aiguillage électromécanique de France !