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Violences entre ados : pourquoi ?

Plusieurs faits divers graves ont impliqué des ados qui en frappaient d’autres ces derniers mois. Fritz a essayé de comprendre pourquoi cette violence entre ados existe et se retrouve à la une des journaux.
Violences entre ados - pourquoi ? Image d'illustration : un ado en sweat à capuche, préoccupé.
Adolescence, Actualité, Santé

Le mardi 3 avril 2024, à Tours Nord, une ado de quatorze ans a été frappée par cinq autres jeunes filles de son collège, qui ont tout filmé avec un téléphone. Coups de pieds, coups de poing, les collégiennes ont été si violentes que la victime a eu le nez cassé et a dû partir à l’hôpital. Malheureusement, ce fait divers n’est pas le seul à mettre en scène des violences entre ados ces derniers mois. Chaque semaine ou presque, les journaux télé nous ont raconté ces passages à tabac à la sortie du collège, nous donnant l’impression d’une forte augmentation de la violence chez les jeunes.

Du côté de l’Éducation Nationale, les chiffres pour l’Indre-et-Loire sont les suivants : sur les dix derniers mois (chiffres d’avril 2024), 1100 « faits d’établissement » ont été recensés. Ça paraît beaucoup, mais il faut dire qu’on parle de 500 établissements scolaires (écoles et collèges), et que ces « faits » enregistrés par les directeurs d’école ou les principaux regroupent tout un tas de chose, du vol de stylo à l’insulte verbale. 60% de ces faits concernent des collégiens. Près de 160 cas sont des situations de harcèlement, ce qui n’est pas toujours synonyme de violence, comme le souligne Pascal Letard, directeur académique adjoint des services de l’Éducation Nationale dans notre département : « les cas de violence que vous évoquez peuvent être liés à l’éducation affective et sexuelle, aux questions de consentement, de respect de l’autre. Mais pas toujours à du harcèlement, qui suppose la répétition sur une durée plus ou moins longue. »

A qui la faute ?

Une conversation Snapchat : c’est là qu’aurait commencé la dispute qui a débouché sur l’agression à Tours Nord. Faut-il penser que les réseaux sociaux sont responsables de l’augmentation de la violence chez les ados ? A l’Éducation Nationale, on constate en tout cas une explosion du nombre de cas de cyberharcèlement (le harcèlement par les réseaux) : « en cinq ans nous avons eu 50 cas en Touraine, dont 35 cette année ! » explique Pascal Letard. Même si on peut penser que les victimes parlent plus facilement, et que la plateforme est mieux utilisée, il y a quand même une grosse hausse !

Et la violence ? A l’ARCA-Observatoire des violences, Wendy Thuillier constate une évolution de la violence chez les jeunes, mais pas forcément son augmentation : « nous ne constatons pas plus de faits, mais la violence évolue en même temps que notre société. Aujourd’hui les réseaux sociaux, très présents dans nos vies, peuvent servir à préparer une agression, là où avant ces outils n’existaient pas. La violence prend donc de nouvelles formes, car il existe de nouveaux outils. »

C’est vrai qu’à l’époque de tes parents, c’est les jeux vidéo qu’on accusait de provoquer plus de violence, et avant ça, les films d’horreur !

Mais en réalité, la violence chez les ados a toujours existé. Elle est même liée au bouleversement qu’est l’adolescence selon les psychologues. Le corps change, les hormones explosent, et notre esprit évolue aussi : envie de se démarquer des parents, découvrir qui on est, être admis dans les groupes qui nous entourent… mais aussi contrôler nos nouvelles pulsions et nos émotions très fortes. Un vrai défi !

+ d’infos

Réseaux : es-tu hors-la-loi ?

Beaucoup de cas de harcèlement débutent sur les réseaux sociaux. Ce qui est étonnant, c’est qu’en théorie, les réseaux, c’est à partir de 13 ans seulement, pour protéger les enfants. Et ça pourrait encore changer avec la loi votée en juillet 2023, pour une majorité numérique à 15 ans : l’État aimerait obliger les fournisseurs de réseaux à adapter les options disponibles en fonction de l’âge de l’utilisateur. Une bonne idée, si tout le monde respecte la consigne et ne triche pas sur son âge au moment de l’inscription !

Conseils de pro : la CNV

CNV : Communication Non Violente, pour éviter le conflit

Souvent, les situations de violence ou de harcèlement ont une source : la gestion des émotions ! C’est pour ça que l’ARCA-Observatoire des violences insiste sur ce thème dans ses séances de sensibilisation auprès des jeunes. Pour éviter de tomber dans la violence ou le harcèlement (comme victime ou comme auteur) il faut en effet apprendre à reconnaître ses propres émotions, et aussi celles des autres. Cela permet aussi d’appliquer la CNV, la Communication Non Violente. Observer la situation, exprimer ce qu’on ressent sans juger l’autre, dire de quoi on a besoin et ce qu’on espère de l’autre personne. Avec toutes ces étapes on établit un vrai dialogue, on réalise parfois qu’on a mal interprété les gestes ou les paroles de l’autre, et peut-être que tout va s’arranger.

A savoir : Y a-t-il des modes dans la violence ?

Pour décrire tous ces faits de violence du début d’année, avec quelqu’un qui filme les autres en train de frapper une victime, on parle de « happy slapping ». En anglais, « happy » c’est « heureux » et « slapping » désigne le fait de gifler quelqu’un. Pas très fun pourtant comme action… peut-être car les agresseurs ne se rendent pas compte de la gravité de leurs actes ?

Le « jeu de l’olive » a un nom rigolo par exemple, mais n’est pas drôle non plus : il s’agit de mettre un doigt dans les fesses de quelqu’un (à travers ses vêtements) sans le prévenir. C’est un abus sexuel ! Mais ce jeu existe pourtant depuis plusieurs années, et revient régulièrement dans l’actualité. C’est pour cela que Wendy Thuillier de l’ARCA ne parle pas de « mode » pour la violence, mais de « séries de faits identiques dans une période courte » qui reviennent parfois dans les infos (sans jamais disparaître vraiment).

pHARe : tes outils contre le harcèlement

pHARe c’est le plan de prévention de l’Éducation Nationale contre le harcèlement. Le but est d’avoir dans chaque école, collège ou lycée des adultes qui sont formés pour s’occuper des situations de harcèlement. Mais il y aura aussi bientôt dans chaque établissement des ambassadeurs, c’est-à-dire des élèves formés pour t’écouter et t’aider !

3018

3018, c’est le numéro de téléphone à appeler en cas de harcèlement. C’est gratuit, partout, tout le temps.

Où s’arrête l’école ?

Le trajet entre ta maison et ton école est considéré comme faisant partie de ton établissement scolaire ! Quand des faits de violence se déroulent à l’arrêt de bus devant le collège, ou dans la rue derrière l’école, tu peux donc en parler à tes profs ou aux surveillants.

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