A côté de nous, dans l’espace d’attente, une dame a l’air stressée : « Ah vous venez pour une interview ? C’est bien ça, c’est plus positif que pour la plupart des gens. Quand on vient ici, c’est mauvais signe… » Et grâce à notre visite en compagnie de la directrice de la Banque de France à Tours, Céline Burgeres, on comprend vite pourquoi.
Ce qui pousse certains habitants de Touraine à pousser la porte, c’est la gestion du surendettement. Lorsqu’on n’arrive plus à payer son loyer et ses dépenses courantes, qu’on a plus assez d’argent pour payer ses crédits auprès de sa banque pour la maison ou la voiture, bref, quand on ne s’en sort plus, on est surendetté, et coincé. Il faut alors déposer un dossier auprès de la Banque de France : notre situation est évaluée par la commission de surendettement qui se réunit toutes les trois semaines, avec des banquiers, des représentants des consommateurs, des travailleurs sociaux, et un représentant de la préfecture qui préside la commission.
Tous ces pros évaluent l’argent dont on a besoin pour vivre normalement, et pour voir s’il nous reste quelques euros pour rembourser une partie de nos dettes. Celles-ci peuvent par exemple être recalculées (la durée de paiement, ou le taux d’intérêt), voire même suspendues pendant quelques mois, le temps qu’on se remette à niveau dans la gestion de notre budget, ou en partie effacées dans les situations les plus compromises.
Des missions variées
La Banque de France est donc là pour aider les Tourangeaux, et les Français, puisqu’on trouve des antennes de la Banque de France dans tout le pays. Elle nous aide aussi sur d’autres aspects : si aucune banque ne veut nous ouvrir un compte (car on a été endetté par le passé, ou qu’on n’a pas beaucoup d’argent), la Banque de France en désigne une qui devra nous accepter. Elle est également à l’écoute des entreprises. Elle peut ainsi jouer les intermédiaires lorsqu’une entreprise a du mal à obtenir un financement de la part de sa banque habituelle.
Mais évidemment ce n’est pas tout ! Tout ceci n’est que la face émergée de l’iceberg ! Du coté des entreprises, les salariés de la Banque de France sont aussi chargés de les évaluer : un coup d’œil sérieux sur leurs bilans, chaque année, pour voir si elles sont en bonne santé. Pour quoi faire ? Les accompagner, mais aussi pour jouer ses deux autres grands rôles : assurer la stabilité monétaire, et à la stabilité financière.
Allez, on essaie de te l’expliquer : la Banque de France doit fixer les « taux directeurs ». Ces taux définissent les relations entre la Banque de France et les banques « commerciales » (nos banques à nous, où on met nos sous). Lorsqu’il y a une forte inflation (les prix grimpent trop vite), la Banque de France peut décider de modifier ces taux, pour freiner le phénomène. Et elle le fait sans consulter le gouvernement, chacun son boulot : l’Etat gère la politique budgétaire, tandis que la Banque de France mène la politique monétaire. Et pour la stabilité financière ? La Banque de France est un peu la maman de nos banques : elle rédige les règles de fonctionnement des banques et vérifie qu’elles sont appliquées.
Plus d’infos : la Banque de France n’agit pas seule
Pour la stabilité monétaire et financière, la Banque de France est aussi imbriquée dans un système plus grand : la Banque Centrale Européenne (BCE). Cette institution est gérée en équipe par l’ensemble des banques centrales des pays de l’Union : c’est l’Eurosystème !
La Banque de France à Tours de Napoléon à aujourd’hui
La Banque de France a été créée en 1800, et la succursale de la Banque de France à Tours a ouvert en 1858 dans le quartier des Halles. Elle déménagera en 2026-2027 dans les locaux de l’ancienne clinique Saint-Gatien, quartier Colbert-Cathédrale quand les travaux d’aménagement seront terminés.
Les infos de la pro
La directrice de la Banque de France de Tours, Céline Burgeres, nous explique ses missions :
« Le siège de la Banque de France est situé à Paris, et cette institution est dirigée par un Gouverneur. À Tours, nous sommes une succursale départementale, le siège régional est à Orléans. 40 personnes travaillent ici, pour assurer nos missions auprès des entreprises et des Tourangeaux. Nous traitons 1200 dossiers par an de surendettement, et nous examinons environ 5000 bilans d’entreprises pour leur attribuer une cotation.
Mon rôle, comme directrice de la Banque de France à Tours, est aussi de rester en lien avec les entreprises et les banques locales, avec des réunions et des rendez-vous réguliers, pour faire remonter des informations au siège parisien. C’est un rôle de baromètre, nous essayons de comprendre les tendances et la conjoncture économique, d’anticiper les crises pour piloter finement le niveau des taux d’intérêt ! »
La Casa de Papel en France, possible ?
« C’est mission impossible ! » selon la directrice de la Banque de France de Tours. Les billets en euros sont fabriqués près de Clermont-Ferrand, en Auvergne, et le site est ultra-sécurisé. Et les voleurs n’y trouveraient sans doute que des billets de 20 € et 50 €. Eh oui, avec l’Europe, les pays se sont répartis la fabrication !
À savoir : plus d’argent à la banque ?
Une banque où il n’y a pas d’argent ? C’est le cas à la Banque de France depuis quelques années. En effet, jusqu’à il y a quelques années, les banques faisaient amener leurs stocks de billets à la Banque de France. Là, des employés de la Banque de France les vérifiait pour retirer de la circulation les billets trop abîmés, et les faux billets, et ensuite en quelques clics on indiquait aux banques combien elles venaient de verser sur leurs comptes.
Aujourd’hui, la grosse porte blindée (comme celles des films) ne cache qu’une pièce vide : comme nous utilisons de plus en plus souvent les cartes bleues et d’autres moyens de paiement, il y a moins de billets en circulation donc on a réduit le nombre de sites de la Banque de France où déposer les billets. Mais la Banque de France reste le garant de la sécurité de ces autres moyens de paiement.
Apprendre à gérer un budget : EDUCFI
EDUCFI, c’est pour « éducation économique, budgétaire et financière », et tout le monde est concerné, les enfants comme les adultes ! La Banque de France propose donc des ateliers dans les classes, et des outils sur le web pour les jeunes : « Mon cahier financier », avec des jeux sympas et le jeu de société « Mes questions d’argent » qu’on peut imprimer chez soi. A retrouver sur www.mesquestionsdargent.fr.