Pour croiser Gil KD, il faut se lever tôt ! Lorsqu’elle sort peindre dans les rues de Tours et des alentours, c’est le dimanche matin, vers 6 h, avec quelques bombes de peinture et des pochoirs de ses femmes qu’elle aime « poser » dans les rues, en vingt minutes top chrono.
Pourquoi si tôt et si vite ? « Pour avoir de la lumière naturelle, et pour ne pas croiser trop de monde, que personne ne me dénonce, même si une femme de mon âge attire moins l’attention qu’un jeune », explique l’artiste. Son âge ? Cinquante-huit ans ! Comme quoi, être graffeur ou street-artist ça n’est pas réservé aux jeunes !
Quand elle était enfant, ce n’était pas sur les murs qu’elle dessinait. Plutôt sur des carnets, du papier… Elle a même voulu étudier les beaux-arts, mais ses parents n’étaient pas d’accord, donc elle est devenue infirmière, sans lâcher sa passion pour le dessin. Pendant ses études à Paris, elle découvre le graffiti. On est dans les années 1980, il y a peu de filles dans ce milieu-là : les gars aimaient bien être les meneurs des groupes.
Retour à Tours, retour aux sources
De retour en Touraine, où elle est infirmière, elle dessine, prend des cours de peinture, avant de réaliser que le graffiti n’est pas très présent à Tours et que, finalement, la peinture à la bombe, ça lui plaisait bien.
Résultat : il y a une dizaine d’années elle s’est lancée dans des collages sur les murs puis des peintures, avec un objectif : « faire comprendre que le street-art n’est pas forcément négatif. Cela permet d’offrir à tout le monde de l’art, sans entrer dans une galerie d’exposition. Tu te balades, et au coin d’une rue tu te retrouves nez à nez avec une œuvre ! ».
Gil KD : un nom que les gens connaissent !
Au début, ses créations sont assez vite effacées… Mais les Tourangeaux les aiment bien, et petit à petit, le mystère grandit : qui peint ces femmes aux traits asiatiques sur les armoires électriques ou les portails ? Des journalistes trouvent qui elle est !
« Rester anonyme ne m’aurait pas déplu, mais être reconnue m’a aussi permis plein de choses : vendre mes œuvres, participer à des projets sympas avec des villes, des hôpitaux, ou des collèges comme celui de Château-Renault ».
Et pour continuer à développer l’art de rue, elle fait partie d’un collectif de street-artists tourangeaux qui a proposé un projet au Budget Participatif, pour plus d’art autour de nous… Nous, on vote pour !
Portrait par Emilie Mendonça, publié dans Fritz nº43.