« C’est un peu compliqué, je vais essayer de faire simple : les infirmières libérales, qui vont chez les patients, à domicile, comme moi, sont payées en fonction du type d’actions qu’elles réalisent. On appelle ça « les actes ». Et chaque acte a son tarif. Par exemple une piqûre dans les fesses, c’est le niveau 1, c’est-à-dire 3,15 € ». Heureusement, quand elle vient nous piquer les fesses, Emmanuelle ne fait pas que ça, sinon ça ne fait pas cher payer pour se déplacer chez la personne, papoter avec elle pour savoir si tout va bien, puis lui faire la piqûre !
Devant la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, qui gère les tarifs des actes infirmiers, elles étaient donc quelques dizaines mardi dernier pour demander la hausse de ces tarifs. « Ils n’ont pas évolué depuis quinze ans, mais à côté le coût de la vie augmente, comme pour tout le monde, donc nous avons plus de mal à vivre de notre métier » rajoute Emmanuelle. L’argent que paie la sécurité sociale pour financer les déplacements d’une infirmière chez un patient ne suffit plus à payer l’essence pour la voiture. « On court le risque d’avoir des déserts infirmiers : les infirmiers ne se déplaceront plus dans les campagnes si ça leur coûte trop d’argent ». Sans compter la retraite à 67 ans (c’est tard !) et les contrôles de la Sécurité Sociale, qui stressent les infirmières.
Infirmière, un métier humain et passionnant
Tout cela n’empêchera pas Emmanuelle de continuer à faire ce métier qu’elle a choisi il y a déjà plus de trente ans. Elle a toujours voulu aider les autres, « peut-être car ma mère était souvent malade ? » se questionne-t-elle. Elle a connu le travail dans les cliniques et les maisons de retraite. Et depuis dix-sept ans, elle est « infirmière libérale » : indépendante, avec son cabinet, ses patients qu’elle va voir chez eux, et pas mal de liberté. C’est ce qui lui plaît ! Comme elle est associée à une autre infirmière, chacune travaille une semaine sur deux. De 7h30 à 14h puis de 17h45 à 20h30 environ, du lundi au dimanche. Puis c’est la collègue qui prend le relais.
Alors, oui, il y a quand même des moments difficiles, que les infirmières aimeraient bien voir reconnus : soulever des patients très lourds, rentrer dans des maisons très sales, mais aussi écouter les problèmes psychologiques des patients, parfois désespérés. « Ce sont souvent des gens qui ne voient personne d’autres que leur infirmière » raconte Emmanuelle. Mais elle ne les abandonnera pas !