Pendant la Semaine des Fiertés à Tours, tu as peut-être vu Sir Camille Bob dans des spectacles de drag queens et drag kings.
Nous avons voulu savoir qui se cachait sous le costume et le maquillage.
Tu connais peut-être les drag-queens ? Des personnes nées hommes qui s’habillent en femmes pour des shows impressionnants ? On les connaît de mieux en mieux grâce à des émissions télé comme Drag Race (version américaine sur Netflix, et version française sur France Télévision).
À Tours, nous avons rencontré Noé, qui n’est pas drag queen mais drag king : une personne de sexe féminin dont le personnage de scène est masculin. Son nom d’artiste ? Sir Camille Bob. Un hommage à Elton John, chanteur anglais (homosexuel) qui a le titre de noblesse de « sir ». Camille est son deuxième prénom, et Bob, pour avoir un nom de famille court et efficace. Pour la Semaine des Fiertés qui met en lumière la communauté LGBTQ+ (lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres, queer, intersexe), Sir Camille Bob est sur scène : c’est « un jeune homme tendre, un peu timide, qui aime danser et faire les fêtes » comme le décrit Noé.
Depuis quelques années, monter sur scène en incarnant ce personnage est devenu une habitude : « j’ai eu le déclic en voyant le film Chouchou, joué par Gad Elmaleh, qui un soir monte sur scène dans un bar habillé en femme, pour chanter en playback. C’est une scène qui m’a fascinée ! » Lui qui fait de la danse depuis l’enfance avait l’habitude d’être sous les feux des projecteurs. Petit à petit, il a donc créé Sir Camille Bob : « j’ai appris à me maquiller, et j’ai vu d’autres artistes en spectacle, pour créer mon personnage », raconte l’artiste. Lorsqu’il veut tenir des paroles plus engagées et militantes, Noé a même un deuxième personnage, Nostra Damn.
Mais être drag queen ou drag king est déjà une forme d’engagement : « l’art drag est lié à l’histoire des cultures LGBTQ+, c’est un art politique dès le départ car il permet à des minorités de s’exprimer. Mais il n’y a pas besoin d’être transgenre pour être drag’ ! Il y a aussi des femmes cisgenres (nées de sexe féminin et qui se considèrent femmes) qui sont drag-king pour questionner la masculinité, le fait d’être un homme ». Quant à lui, depuis l’enfance, Noé se sent garçon. Mais ce n’est que depuis deux ou trois ans qu’il l’assume pleinement dans sa vie privée et professionnelle. Et ça lui va bien ! Car pour lui, « il y a comment on se sent à l’intérieur, et ce que les gens voient au-dehors. Mais notre apparence, c’est une toile blanche, qu’on peut peindre comme on veut ! »

Par ÉMILIE MENDONÇA © FRITZ n°61